Cartes de développement : l’atout caché de la souveraineté industrielle

Par Sven Pannewitz, Product Manager - composants passifs, cartes de développement et accessoires pour véhicules - chez reichelt elektronikDans un contexte géopolitique marqué par la prédominance des acteurs américains, les entreprises françaises saisissent l’occasion de développer des solutions locales, notamment dans des domaines stratégiques tels que le cloud, la cybersécurité et la défense. Le salon VivaTech 2025 a bien illustré cet intérêt croissant pour la souveraineté entérinant une volonté forte d’indépendance technologique.Dans ce cadre, la transition vers l’usine intelligente s’impose comme un levier clé pour renforcer l’autonomie industrielle, en permettant aux entreprises de mieux contrôler leurs processus, sécuriser leurs données et innover localement, assurant ainsi la souveraineté technologique et économique face aux enjeux globaux.
Accélérer la souveraineté industrielle par les technologies émergentes
Cette dynamique trouve un écho concret dans les politiques publiques, notamment à travers le plan France 2030. Le dispositif « Première Usine » illustre cette volonté en soutenant la création d’usines intelligentes sur tout le territoire. En accompagnant les start-up et PME dans l’industrialisation de technologies de pointe — intelligence artificielle, automatisation, solutions durables — il vise à consolider la souveraineté industrielle tout en favorisant la compétitivité, l’innovation et la résilience du tissu économique français.
Dans ce cadre, les cartes de développement deviennent un levier stratégique essentiel. En s’appuyant sur des plateformes ouvertes, les industriels peuvent reprendre le contrôle de leurs solutions, sécuriser leurs données sans dépendre de fournisseurs fermés, et favoriser une innovation continue via des projets agiles et évolutifs. Cependant, malgré cet élan favorable, des freins subsistent : manque de maturité perçue, appels d’offres peu adaptés, ou logique de prix court-termiste. La souveraineté séduit dans les discours, mais reste encore difficile à concrétiser dans les pratiques d’achat des PMEs.
Cartes de développement : des solutions agiles pour l’industrie
Au-delà de l’enjeu souverain, les industriels recherchent aujourd’hui des solutions flexibles, performantes et accessibles, capables de répondre à leurs exigences sans compromis sur la qualité ni la maîtrise technologique.Dans ce contexte, les cartes de développement — telles que Raspberry Pi, Odroid ou BeagleBone — s’imposent comme des réponses concrètes, agiles et économiques pour accélérer la digitalisation des environnements industriels.
Longtemps cantonnées au prototypage ou aux communautés de makers, ces plateformes ont évolué vers une maturité industrielle, grâce à des boîtiers durcis, une connectique robuste, le respect des normes CEM, ainsi qu’un support logiciel à long terme.Leur simplicité d’usage et leur modularité permettent de déployer rapidement des solutions embarquées sur mesure, connectées (IoT, M2M, RFID…), tout en s’intégrant naturellement aux infrastructures existantes.
Sur le plan économique, le recours à ces cartes permet de réduire considérablement les coûts. Plusieurs entreprises industrielles ont ainsi remplacé des passerelles propriétaires coûteuses — parfois estimées à plusieurs centaines de milliers d’euros — par des systèmes robustes et évolutifs basés sur des cartes de développement, pour quelques milliers d’euros seulement.
Les cartes de développement ne sont plus de simples outils de prototypage : elles incarnent aujourd’hui une réponse stratégique aux enjeux de souveraineté industrielle. Flexibles, économiques et ouvertes, elles permettent aux industriels français de reprendre la main sur leurs technologies. Pour en faire un véritable levier de transformation, il reste à les intégrer pleinement dans les choix d’achat, d’innovation et de formation.